Liberté avortée ?
Le 17 janvier 1975, Simone Veil a obtenu la légalisation de l'avortement en France et trente-trois ans quasiment jour pour jour, des associations de familles catholiques continuent à réclamer l'abrogation de cette loi.
A cette idée, mon sang n'a fait qu'un tour car je n'oublie pas le combat que les femmes ont dû mener pour parvenir à arriver à ce que l'avortement ne soit plus considéré comme un délit. Bien au-delà d'être pour ou contre l'IVG, il s'agit avant tout de liberté ... liberté de pouvoir choisir ou non de mener à terme une grossesse, liberté de bénéficier du droit que cela se fasse dans une structure adequate et non pas sur un coin de table de cuisine comme à l'époque des faiseuses d'anges.
Je me suis interrogée sur les motivations qui pouvaient pousser ces associations à revendiquer une telle chose et je n'en ai trouvé aucune ou du moins, aucune de suffisamment valable à mes yeux, pour justifier un retour en arrière aussi radical. Le discours prôné par ces pratiquants convaincus est le droit à la vie pour le foetus. Sur le principe, je ne leur donne pas tort mais dans les faits, comment obliger une femme à garder un bébé qu'elle ne désire pas ? La contraindre par la force ?
La solution proposée est de favoriser l'accompagnement social pour les mères en difficultés pendant leur grossesse et le cas échéant, de mettre l'enfant à l'adoption en cas d'abandon.
Autant dire qu'il ne s'agit là que de mesures bien utopistes et totalement inappropriées à notre société d'aujourd'hui. L'avortement est en augmentation constante, notamment chez les toutes jeunes filles, et les forcer à avoir ces enfants malgré elles, ne peut qu'aboutir à des situations encore plus dramatiques et traumatisantes.
Derrière chaque avortement, se cache une histoire particulière mais je ne connais aucune femme considérant qu'avorter soit un acte anodin et la décision d'y avoir recours n'est jamais simple à prendre.
Il est facile de se camoufler derrière la bonne parole de Dieu pour juger et condamner celles qui le font mais oser affirmer que l'IVG est un meurtre dépasse mon entendement. Le crime, ce serait de revenir à l'époque barbare des aiguilles à tricoter ou de pousser des femmes déjà en détresse à parcourir des milliers de kilomètres pour aller avorter dans un autre pays.
N'en déplaise à ces fervents catholiques, je prends le risque de bruler en enfer s'il le faut mais je ne laisserai personne disposer de mon corps à ma place. D'ailleurs, je ne suis pas certaine qu'il faille accorder beaucoup de crédit à ces gens qui osent aussi proclamer que le seul remède au SIDA est l'abstinence et qui condamnent l'utilisation des préservatifs.
Si Dieu existe bel et bien, je m'arrangerai avec lui le moment venu ...